Croquis littéraire : Voyage en train

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Le croquis littéraire, c’est une rubrique qui évoque des moments saisis dans la rue ou ailleurs, avec des gens que je ne connais pas, des interactions sociales qui me font sourire et auxquelles je ne participe pas forcément. Ces instants me touchent et donnent de la saveur à ma vie, je les décris en quelques mots, pour en chercher la substance, de la manière la plus neutre possible, tout en prose.

Voyage en train

Je rentre de Marseille avec le TER de 16h48, la lumière est belle et la vue sur la mer toujours aussi impressionnante. C’était un 27 décembre doux, temps appréciable pour prendre un verre au vieux-port. Je suis assis à l’envers de la marche du train. J’avance à reculons!

Alors que nous nous arrêtons dans une gare, une famille de quatre personnes monte. Deux femmes, l’une plutôt jeune, l’autre plutôt âgée. Elles sont chargés de sacs divers, contenant certainement un trésor familial, quelques vêtements. Ils parlent une langue que je ne comprends pas, je me dis que ce sont des romanichels et je me demande s’ils ont payé leur billet. Petit retour en arrière pour me rendre compte que je ne travaille pas pour la SNCF et je savoure l’instant.

Ca parle fort, je peux vous le garantir, ça rit, ça vit aussi! La famille s’assoit sur deux rangées de sièges parallèles. Le garçon, qui doit avoir six ans, ramasse une bouteille vide laissée par un ancien voyageur et la mets à la bouche. Quelques secondes plus tard, il se fait rabrouer par sa mère qui jette le contenant dans une poubelle. Ce jeune homme continue son exploration visuelle et remarque une tâche de chocolat chaud, me regardant comme si j’étais le responsable de ce désastre. Il me sourit, je lui réponds avec bienveillance et reprend ma lecture, les oreilles aiguisées. Toujours dans un langage que je ne comprends pas, l’enfant va parler à sa mère pour lui dire quelque chose d’important, puisqu’il le répète cinq fois: « Mami, mamiga, mamigou.. charabia ». Sa mère lui enlève son pull et il se calme, c’était donc ça.

Les conversations vont bon train et, à un moment donné, une fille d’une vingtaine d’années, assise derrière les deux femmes étrangères, se lève pour leur demander de parler moins fort. Elles répondent: « Pas parler français ». La fille s’énerve un peu et les femmes comprennent et baissent le volume. La fille reprend sa lecture et mon train arrive en gare de Salon-de-Provence.

Jean-Baptiste Pratt

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