Croquis L : Une nuit à New-York

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Quelques jours de vacances à New York quand on peut s’y rendre en bus, autant en profiter. Je suis parti avec une amie vivre quatre jours sur le rythme de folie qui surgit des profondeurs de la terre en utilisant les nombreuses bouches de métro et les plaques d’égout pour ravir les promeneurs de ses odeurs variables.

Évidemment, nous avons réalisé tout un tas d’activités touristiques typiques, telles que Time Square et ses lumières à faire mourir un épileptique, voir le kitch d’une comédie musicale sur Spiderman, visiter le reposant Central Park (et faire un tour dans le manège un peu glauque, mais légendaire). Nous avons réservé la dernière nuit à faire la fête, c’était un mardi soir.

Comme pour toutes mes activités, j’ai renseigné la NSA sur mon agenda via mon téléphone intelligent, ils avaient déjà pris toutes mes empreintes à la frontière et une belle photo de toute façon. Après discussion, je repère deux boîtes de nuit qui pourraient être intéressantes et nous nous y rendons après un petit restaurant. Sauf que la liste était ancienne et les lieux fermés. Je me colle alors au Starbucks le plus proche et navigue à la recherche d’un club ouvert et cool. Trente minutes plus tard, impatience de ma partenaire de voyage. Nous arrêtons un taxi qui nous dit qu’il y a des clubs tout autour et nous laisse devant un tout proche… où nous sommes refusés. Petite explication sur comment entrer dans une boîte dans la ville qui ne dort jamais : soyez inscrits sur une liste ou restez dehors. Rejetés, nous partons vers la direction opposée où se trouvent davantage de clubs.

Le premier arrêt se fait dans une préboîte. Il y a peu de monde et de la place pour danser, mais il s’agit ici plus de se montrer que de s’amuser, comme partout ailleurs dans la ville. New York est un lieu de compétition, au travail pour avoir de l’avancement, dans la rue pour se faire voir (j’ai rarement vu autant de filles aux courbes parfaites et d’hommes aussi musclés), et la nuit pour faire des conquêtes. Cela m’aura paru plus manifeste la nuit.

Je commande deux verres en discutant avec une princesse de Dubaï (elle était de Dubaï et elle était très jolie, à savoir si c’était une princesse…) et je rejoins mon amie assise dans un coin. Elle remarque que les gens se placent en cercle. Les plus beaux spécimens se mettent au milieu ou dans le premier cercle. Plus le périmètre s’agrandit, moins les gens sont dans la norme édictée par les médias dominants. L’alcool coule  à flots et mon amie se voit proposer de la drogue par un quadragénaire, qui lui propose un verre après son refus. Normal. Nous quittons ce bar pour tenter d’entrer dans une vraie boîte de nuit.

Avec un peu de chance, nous entrons dans la première que nous trouvons sur notre route, un homme inconnu décidant de nous ajouter sur sa liste, avec les deux filles derrière nous (qu’il drague ensuite habilement). L’entrée payée, nous descendons quelques marches et nous trouvons dans une cave aménagée. Le bar est dans la première salle, la piste dans la suivante. Je prends une bière et observe le monde. Ici, la capacité à bousculer le monde sans s’excuser est encore accentuée, pas moyen de faire trois pas de danse sans que quelqu’un vous cogne l’épaule. Le jeu de la séduction fait rage et il y a aussi cette fille de deux mètres de haut qui porte des talons pour ne rien arranger. Elle ressemble à une gazelle et fait au moins une tête de plus que moi.

Dans cette boîte, et ailleurs à New York j’imagine, les gens se dopent pour arriver à s’amuser. Pour ce qui se sniffe, les gens font des allers-retours aux toilettes et reviennent en se frottant les narines et portés par une nouvelle vague d’énergie ; nous avons même vu un homme jeter le matériel utilisé pour son rail de plaisir. Pour ce qui s’ingère, je n’ai rien vu. En tout cas les gens sont joyeux.

Fatigués d’être devenus des punchingballs pour zombies bien apprêtés, nous nous réfugions derrière une table libre, personne pour nous déranger… à priori. Une dizaine de compatriotes se trouvent à notre gauche, écrasant les pieds de mon amie pour le lui reprocher ensuite. Un groupe arrive à notre table, plus sympathique, ils nous offrent même à boire. L’une des Françaises a perdu son iPhone, elle demande dans un mauvais anglais si nous avons parlé à son téléphone (voulant dire pris), accuser quelqu’un est une manière efficace d’obtenir un renseignement, pour sûr.  La soirée se termine, je récupère un numéro pour d’éventuelles soirées en revenant dans la grosse pomme et je me vois proposer de la drogue à 25$… que je refuse.

Il est maintenant quatre heures du matin, c’est le moment de mettre notre projet de voir le lever du soleil avec une vue l’east river side. Un bus nous conduit au plus près, mais il fait encore nuit, alors nous nous écrasons dans un café qui vient d’ouvrir, je me suis allègrement endormi sur la table et nous sommes partis au début de l’aube, courant un peu puisqu’il a fallu franchir un pont surmontant l’autoroute, avec des rampes d’accès de trois-cents mètres de chaque côté et un intense mal aux pieds. L’aube est magique, le soleil va se lever derrière l’un de ces châteaux d’eau typique de la ville. Quelques joggers, promeneurs de chiens passent devant nous, mais il y a peu de touristes. Le moment tant attendu arrive et la couronne du soleil apparaît, sur laquelle je ne peux trop m’attarder, la lumière est aveuglante, mais le moment est parfait. Pour autant, il faut partir récupérer les bagages et retourner dans mon fief montréalais !

 

Jean-Baptiste Pratt

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