Croquis L : Elle me propose du sirop de grenadine

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Journée marseillaise pour déposer des livres avant une séance de dédicace, j’en profite pour rencontrer une cousine que je n’avais pas vue depuis quelques mois. Je l’attends au rond-point de la Castellane (corrigez en commentaire s’il s’appelle autrement), appuyé contre un matériel urbain au nom équivoque, juste devant le passage piéton, à moitié absorbé par mon téléphone. Je me retourne et vois une femme de petite taille avec une mèche bleue en train de chercher quelqu’un. C’est elle ! Je l’appelle, en vain. C’est l’heure de faire une blague. Je la rattrape et  murmure le mot « meurtre » à son oreille, avec la voix gutturale de Paranormal activities 1. Elle se retourne fâchée, je suis donc content. Nous nous faisons la bise, je trouve qu’elle a maigri et je la félicite, surtout qu’elle venait de loin. Un petit passage à la supérette pour acheter du sirop et quelques babioles avant de se rendre chez elle. Son look est plus gothique qu’avant, mais, étrangement, elle dégage plus de sérénité. Tant mieux.

Arrivé là-bas, je m’aperçois qu’une fièvre Tim Burtonienne s’est emparée des lieux ! Posters, accessoires, c’est presque un autel. Nous attendons son ami, ils vont faire un bœuf à la maison de la musique de la Capelette. Elle enlève ses chaussures et me propose un sirop à la grenadine, j’accepte. Elle évoque son projet de partir à Londres dans un an, je l’avise un peu sur le montant d’économies nécessaire pour ne pas se trouver le bec dans l’eau une fois arrivée, je parle de mes projets. Son ami arrive enfin, il est un peu plus grand qu’elle, a les cheveux longs et lissés, des mèches blondes (anciennement vertes), il a une façon un peu féminine de se comporter. Il se présente et roule une cigarette, parle de ses cours à la faculté. Ils évoquent leur projet commun de voyage. Il parle de ses cheveux et je ne peux m’empêcher de faire une autre blague, car ils sont aussi brillants que dans une publicité pour l’Oréal, sans projecteur. L’espace d’un instant, je me dis que s’il y avait une caméra, nous pourrions parfaitement nous trouver dans une émission de type Vis ma vie et que, dans le fond, la télé pose une distance qui casse l’empathie et met ces personnages dans la prison de nos préjugés.

Un peu plus tard, nous partons à la Capelette, je ne suis pas certain que ce choix soit judicieux puisqu’il m’éloigne de mon point de rendez-vous (à l’autre bout de la ville). Mais bon, je ne l’avais jamais vue jouer alors je les suis, quitte à ne passer que peu de temps avec eux.

La maison de la musique est un espace ouvert aux artistes et cela se ressent immédiatement. À l’accueil se trouvent une petite scène et un bar où trois personnes discutent. Nous montons dans la salle de répétition, ma cousine s’installe derrière sa batterie, son ami prend mon ancienne guitare. Mon ancienne guitare ! Je l’avais vendue à contrecœur (je n’en jouais plus, mais elle était magnifique). Une petite nostalgie s’empare de moi et disparaît aussitôt. Ils commencent à jouer et j’ai enfin l’occasion de voir ce qu’elle donne devant son instrument et ça pète ! Elle prend du plaisir et ça se voit.

Un tour sur mon téléphone, je trouve le bus qu’il me faut prendre pour traverser Marseille et je quitte les lieux pour retrouver la cacophonie des embouteillages.

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