Croquis L : Les papillons

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Aujourd’hui, j’avais décidé de me rendre au jardin botanique pour voir l’exposition des papillons. Le jardin accueille présentement des dizaines de milliers d’espèces qui évoluent dans une serre tropicale après avoir été transporté par avion et après avoir éclos à Montréal. Ils vivent un mois environ. Je repoussais le moment de m’y rendre à cause de mes études, mais j’avais décidé de prendre une pause avec mes cours. Mais dans la vie, j’ai la poisse.

J’enfile un petit manteau, mon écharpe, je rejoins le métro, ligne orange en direction Montmorency. Changement à Berri-Uqam et arrêt à la station Pie-IX, là où se trouve le stade olympique et le jardin, évidemment. Il y a une petite file d’attente, mais ça a l’air d’aller, jusqu’au moment où une femme arrive pour nous annoncer deux heures d’attente à l’intérieur… Il est 3h30, la serre ferme à 5h30, j’ai mis une heure pour arriver. La poisse. La file se disperse et je décide de marcher dans le jardin qui sort à peine de l’hiver, c’est gratuit et j’en profite pour faire quelques photos de bourgeons, de plants qui sortent de terre. Je parcoure le jardin japonais et asiatique, je lis un peu devant l’harmonie des courbes sinueuses du pays du Soleil-Levant. Il fait bon, il y a un peu de soleil, c’est parfait pour me sortir de mon écran d’ordinateur.

Après une heure de ballade, je décide de rentrer chez moi, pour commencer à travailler mon travail pratique de programmation, tout de même. Toujours attentif à ce qui se passe autour de moi, je remarque cette dame qui porte un long manteau, elle marche avec sa fille, et l’appelle pour partir. J’entends un rapide « J’aime beaucoup ces couleurs. » Je lui demande si elle s’adressait à moi, et oui, elle parlait de mon écharpe. La conversation s’engage alors naturellement. Sur mon appareil photo, sur sa fille qu’elle est heureuse d’avoir et qu’elle élève avec l’essentiel. L’enfant doit avoir une dizaine d’années, elle a l’énergie de la jeunesse, court partout. La mère fait un peu de discipline pour éviter l’accident.

La direction du métro m’est demandée, je la donne et nous marchons ensemble, cette fois pas de discussion sur Dieu ! Juste des échanges sur les enfants, mon origine. La femme a le visage travaillé par le temps, l’enfant gambade avec innocence. Arrivés au métro, nous passons les barrières et j’espère rattraper le métro qui vient d’arriver, la dame me donne un dernier message : « Si tu vis une expérience négative, vis deux expériences positives. Avec des gens dont l’âge importe peu, il y a l’âge du cœur et l’âge du corps. » Vite, je me dépêche pour atteindre le quai, et les portes du métro se ferment devant moi ! Merci la vie.

Du coup, la femme au long manteau me rejoins et la discussion continue. Sur ses origines cette fois, sur le pourcentage du lait à donner à une enfant (3,5% avant deux ans, 2% entre trois ans et 5 ans, puis seulement 1%), sur la Corée du Nord, la cacophonie du monde politique (en France c’est Cahuzac, ici c’est la Commission Charbonneau). Et le duo qu’elle incarne avec sa fille descend avant moi. On se dit au revoir et j’allume presqu’instantanément ma liseuse, lorsque je lève les yeux, je vois la jeune fille me faire de grands signes de la main derrière la vitre du wagon. Je souris et lui réponds d’un autre signe. Les portes se ferment et je ne connais même pas leur prénom, mais, est-ce vraiment important ?

Jean-Baptiste Pratt

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