Point de vue : Acheter vos livres en librairie indépendante

Scroll this

Aujourd’hui, point de littérature. L’objet de ce message est plus une alerte face au poids massif des achats réalisés dans les grandes surfaces de la culture (telles que la Fnac et Cultura) et avec les géants de l’internet (Amazon et Fnac à nouveau). La base de cet article est la loi sur le prix unique du livre, qui fait que, peu importe le lieu où vous achetez un ouvrage, il sera au même tarif.

Je vais lister rapidement les avantages de l’achat en ligne ou en grande surface :

  • Une livraison à domicile ou dans un point relais proche de chez vous.
  • Pas de problème de stock, donc pas besoin de commander puis revenir.
  • Un tarif de 5% moins cher selon le montant du panier.

À titre personnel, je n’achète jamais un livre en ligne et, quand je vivais en France, j’envoyais un courriel à mon libraire favori et il commandait le livre pour moi, que j’allais récupérer en ayant un échange sur la littérature, un vrai contact humain. Pour le même prix.

Bref, je commence le développement.

Le déclin des librairies indépendantes

La France a la chance de jouir d’un réseau de librairies indépendantes très large, mais il est en déclin. Pas que les gens n’achètent moins de livres que ça, c’est surtout qu’ils sont passés dans l’e-commerce (qui représente 8% des ventes de livre) ou qu’ils achètent dans les grandes surfaces culturelles qui polissent leur image au travers de leurs services marketing, mais ce que l’on montre est loin de la réalité.

Défendre l’emploi, créer un monde meilleur

Un emploi dans un entrepôt d’Amazon, ce sont dix-huit emplois de perdu dans des librairies indépendantes ! Et les conditions de travail d’un salarié en entrepôt sont vraiment dégradantes, je le sais pour l’avoir vécu, et encore dans un entrepôt à l’ambiance sympathique (disons que le respect du quota comptait peu pour moi, c’était du 1120 colis par jour pour avoir la prime, mais ce système pourrait faire l’objet d’un autre article).

Ajoutez à ça que les entreprises telles qu’Amazon, Fnac et consorts appartiennent à des grands groupes pour qui la masse salariale n’est qu’une composante, leur objet étant de rémunérer le capital et les actionnaires. Elles disposent aussi de brillants fiscalistes qui échafaudent les plans d’évasion fiscale légale au travers de sociétés écrans. L’argent n’est donc pas réinvesti en France, ou même pour améliorer l’état du Monde (cette phrase devrait tellement faire rire les pontes de ces sociétés).

Du côté des éditeurs, la situation n’est pas meilleure. Il faut se trouver sur Amazon donc l’éditeur accorde parfois jusqu’à 40% de la vente du livre à Amazon (à mettre en face des 30% en librairie indépendante), et les algoritmes mettent en avant les livres qui vont rapporter le plus à Amazon, il n’est pas question de qualité ici.

Dans ce système, comme dans bien d’autres, le consommateur est happé par une facilité apparente et il perd en diversité, en curiosité. Dans le même temps, l’éditeur est pressurisé par une marge trop gourmande du distributeur, le libraire par la perte de ventes (qui le place en situation de précarité). Au fil du temps, le réseau de librairies se réduit, la difficulté à se procurer un ouvrage augmente et le consommateur est davantage poussé à se tourner vers les supermarchés de la culture. Et ainsi de suite.

Devenez consomacteur

Alors oui, se rendre en librairie peut paraître fatiguant dans un monde de plus en plus rapide. Mais cela peut aussi être un moyen de prendre le temps de faire quelque chose pour soi, de le faire vraiment aussi, de découvrir des auteurs et des livres en se promenant dans les allées de votre librairie, d’avoir des suggestions. Surtout que dans le fond, le tarif est le même, une modification des pratiques permettrait de voir fleurir les librairies à nouveau !

Certains relèveront une incohérence dans mon discours, dans le sens où mon livre est disponible en numérique sur Amazon. Comme je l’ai dit, être sur Amazon c’est s’assurer une présence numérique accrue, mais je préfère que les gens achètent directement sur mon site, je sauve 30% et ne nourrit pas les actionnaires de cette entreprise.

Source :

Soumettez un commentaire